23 Septembre 2019
Ce n'est pas parce que les vacances sont terminées que l'on va cesser de rêver voyages. Anzi, bien au contraire. Je continue donc avec vous ma quête de guides remarquables pour des voyages en Italie avec des jeunes.
En visitant le catalogue en ligne de Lapis ( impossible de vous mettre un lien direct, car c'est une adresse en http et non https.... mystères de l'internet, question de sécurité...) , pour voir si les exemplaires de ma bibliothèque étaient encore publiés, j'ai fait quelques découvertes.
On trouve en version française "En promenade à Venise".
Ce sont des albums de 14,5 x 21 cm, reliés par une spirale bien pratique, et des pages qui s'ouvrent pour des vues panoramiques, comme celle-ci:
C'est Allegra AGLIARDI qui les illustre, et Alberta GARINI ou Rosaria PUNZI qui ont fait les textes.
A part le Bologna qui a changé de couverture (mon édition date de...2003) , les enfants
peuvent découvrir Roma, Firenze, Venezia, bien sûr,
mais aussi Milano, Torino, San Marino ou Pavia, . Vous pouvez, ici, feuilleter le guide de Pavia.
Ces ouvrages sont, entre autre, très précieux pour la clarté et la précision de leurs informations, sans pédanterie, et avec une bonne dose d'humour. Ils proposent aussi des activités à l'enfant-voyageur.
Verona est malheureusement épuisé, ainsi que quatre autres villes. De même, en français, le Venise .
La collection est illlustrée par Lorenzo TERRANERA, les auteurs sont divers. Les volumes font 14,5 x 24 cm, ils sont brochés, et ont de 128 à 152 pages.
Les héros de ce roman, qui se passe non pas "sur", mais "sous" les ailes du vent, Sotto le ali del vento, sont deux jeunes mouettes curieuses, Efisia et Elia - une "fille" et un "garçon - qui vont se laisser guider par le vent au-dessus de la ville de Cagliari, capitale de la Sardaigne comme vous ne l'ignorez pas. Ils sont accompagnés et conseillés par un Zio Capitano, un oncle intarissable - mouette lui aussi - qui ne quitte jamais sa pipe et a un langage aussi coloré que le Capitaine Haddock - ses deux jeunes neveux en sont contaminés, et il y a fort à parier que les jeunes voyageurs ne seront pas en reste dans l'invention des exclamations, "par mille sardines sardes", pour rester dans les plus inoffensives... Les parents-mouettes et une amie corneille, aussi noire que eux sont blancs, complètent la bande. Sans parler d'un mystérieux ancêtre....
Le rythme est effréné: en 173 pages et 33 chapitres, le lecteur va faire le tour des richesses de la ville, sans s'y perdre, et sans une seconde d'ennui. Le pari, pour Dal Cin, était risqué: comment rendre compte, pour de jeunes lecteurs, du mille-feuilles historique dont témoigne Cagliari, sans qu'ils s'y perdent ou ne se fatiguent? Et comment maîtriser, quand, comme lui, on n'est pas un "né-natif", une ville aussi riche?
Pari réussi sur toute la ligne.
D'abord, on sent bien que Dal Cin est tombé lui-même amoureux de Cagliari, puis il a trouvé la façon de transmettre cet amour sans pédanterie. La qualité de la lumière, les variations du vent, la palette inépuisable des couleurs, des odeurs, des bruits sont sensibles à qui n'y est jamais allé. Et si vous vous y êtes promenés, ce sont de vraies retrouvailles. Dal Cin a accumulé et synthétisé à la fois une expérience de la ville et de multiples sources d'information.
Puis le choix même du point de vue des "visiteurs", ces oiseaux omniprésents dans le ciel de la ville: ils ont une liberté de mouvement qui manque aux humains, mais que ces mêmes humains peuvent entrevoir à partir des divers points de vue, citadelle ou tours auxquels ils auront accès pendant leurs visites.
Cette histoire n'est pas une "visite" de la ville, c'est une quête que mène Elia-aux-mille-pourquoi: sa question la plus philosophique est "D'où vient le vent?", il veut le savoir à tout prix.
Et ses interlocuteurs, à part le Zio Capitano, sont aussi bien les statues des églises que les statuettes des musées (en effet, elles parlent dès qu'il n'y a aucun humain en vue). Et les étapes monumentales sont coupées d'épisodes humoristiques, dont les humains font, en général, les frais, mais sans aucune méchanceté. C'est l'art du conteur Luigi Dal Cin de ménager au milieu d'un récit très riche en informations des pauses - parfois des micro-pauses, juste une expression qui se répète pour caractériser un protagoniste - parfois des rencontres incongrues avec des touristes irrascibles ou des bébés trop familiers avec les oiseaux.
Enfin, dès le magistral chapitre d'ouverture où se déroule dans le golfe, au-dessus d'une mer qui semble d'abord idyllique, une bataille féroce entre l'Archange Michel, Lucifer et leurs troupes respectives - "dès lors, cette formation rocheuse fut appelée Sella del Diàvolo, et la baie prit le nom de Golfo degli Angeli" - dès ce début, le fond de mythes et de légendes locales imprègne l'histoire. Et le dernier chapitre clôt l'aventure dans une dimension surréelle, un vol de tous les oiseaux convoqués le long du récit et guidés par le vent, et "Tutti i Cagliaritani allora alzarono lo sguardo a quell'incredibile spettacolo. - Tous les Cagliaritains levèrent alors les yeux sur cet incroyable spectacle . E si accorsero, tutti, che l'azzurro carico del cielo si era ormai condensato in un blu profondo. - Et, tous, ils se rendirent compte que le bleu foncé du ciel s'était maintenant condensé en un bleu profond".
Aussi bien des témoignages directes d'enseignantes que ce que l'on peut lire sur des rencontres de l'auteur avec de jeunes écoliers prouve que c'est un livre qui touche ses lecteurs. Et, comme souvent, les adultes ne sont pas en reste.
Pour plus d'informations et quelques images, il y a la page de 2015 du site de Dal Cin, la possibilité de feuilleter quelques pages, un petit film de présentation publicitaire, et l'interview faite par un journaliste sarde aux auteur et illustrateurs. Mais rien ne remplace la lecture du livre.
Il faudrait encore parler de l'art des deux illustrateurs, Pia VALENTINIS et Ignazio FULGHESU, mais je ne veux pas abuser de votre patience. Vous pouvez vous faire une idée d'après les images ici reproduites. Demandez plutôt le livre à votre Médiathèque préférée.....
Sotto le ali del vento de Luigi DAL CIN
illustré par Pia VALENTINIS et Ignazio FULGHESU, éditions LAPIS, février 2015
184 pages, édition cartonnée, 13 x 18 cm, 10 €
A partir de 7 ou 8 ans.
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