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CARMINATI ET TAPPARI -1 -: OCCHIO LADRO ou "L'OEIL VOLEUR"

          Pour commencer 2024 sous de bons auspices, Lectures Italiennes vous propose une cure de regards, sous la houlette des docteurs TAPPARI (accent tonique sur TÀ) et CARMINATI.

          CARMINATI, c'est Chiara: son outil, ce sont les mots, ici agencés en poésies.

          TAPPARI, c'est Massimo Emiliano, devenu ME ( "mé") pendant un temps, puis Massimiliano  aujourd'hui. Son outil, c'est son inséparable appareil de photo grâce auquel il "vole" autour de lui  toute sorte d'images.

          À eux deux, ils font des livres, dont celui que vous voyez ci-dessus.

"OCCHIO ( prononcer òkkio) LADRO" , " Œil voleur"

 Œil voleur? Mais encore?

           L'explication est dans la page d'introduction de l'album, reproduite ci-dessous: ce sont des vers de Marcello ARGILLI (1926-2007), auteur tombé dans la marmite de la littérature de jeunesse après avoir rencontré Gianni RODARI (1920-1980),  mais ceci est une autre histoire...Nos auteurs sont cependant, de ce fait,  en excellente compagnie.

 "Heureux celui qui a un œil voleur

 car il voit des tableaux à toute heure

  et tout comme les peintres

  il vit en dérobant des formes et des couleurs"

          Que cache cet œil de coquelicot sous sa solide couverture cartonnée?  Ce sont 26 photos, et 26 petites histoires.  Les pages de garde, un grand mikado d'herbes sèches couchées, avec encore quelques pointes vertes de-ci de-là,  sont intrigantes: qu'y a-t-il donc là au-dessous? Quelle est l'échelle de l'image? À chaque lecteur, à chaque lectrice de rêver sur ce mystère.

          Puis commence le livre, après la page d'introduction: page de droite, pleine page, LA photo. Page de gauche, beaucoup de blanc, un titre en script et en gras, en un mot ou deux : "La mamma", "Il coro"(Le choeur"), "Il lupo solitario", "A prima svista"(À première bévue"), "La pasticciera"(La pâtissière)......

          En dessous, bien claire, bien lisible, une poésie de six vers, toujours, de douze pieds, semble-t-il (sans les avoir comptés tous...), qui riment en AA-BB-CC, souvent, mais parfois aussi A d'un bout à l'autre de l'histoire... Création d'une musique, déjà, indépendamment du sujet.

          Les pages ne sont pas numérotées, vous commencez par feuilleter, page à page ou en les faisant "courir"...  pour regarder les photos. Surprise, retours en arrière, comparaisons, arrêts sur image, questions, exclamations! Beaucoup de parole déjà,  spontanément.

En voici quelques échantillons:

 

 

 

 

     

          - Mais - demanderez-vous - c'est pour quel âge?

          Nous partageons, à Lectures Italiennes, la réponse des éditeurs,  qui sont, il faut le préciser, nos amis "du crayon" que vous avez peut-être remarqué tout en bas de la couverture au coquelicot: EDIZIONI LAPIS. Donc, pour quelle tranche d'âge? La réponse est sans équivoque: -"Per tutti" ! Les enfants de l'école primaire, et les adultes qui les accompagnent dans leurs lectures-explorations. Et puis tous les rêveurs, toutes les rêveuses, qui aiment raconter des histoires en regardant les détails du quotidien.

La mamma

             Une histoire nous est proposée avec chaque photo, vous ne l'avez pas oublié, sous forme de poésie dont la construction est ritualisée, suivant la philosophie créative de Gianni RODARI dans sa Grammaire de l'imagination / Grammatica della fantasia, au chapitre 12: Costruzione di un "Limerick" (Les guillemets sont de Rodari). Forme dans laquelle Chiara CARMINATI est parfaitement à l'aise. Dans le premier vers, la ou le protagoniste. Ici: Una mamma. Et le lieu où se passe l'histoire: in via Alberganti. Dans les vers suivants, les actions caractéristiques de cette "mamma": elle mettait un petit pull à tout le monde dès qu'il faisait un peu froid. Elle a même fermé la fermeture éclair de la rue, si bien qu'il peut pleuvoir tant et plus, les pavés ne prennent plus froid... Conclusion qui arrive dans les deux derniers vers.

 

 

La pittrice

 

    

 

          L’œil peut  tout aussi bien examiner le ciel:  c'est là qu'il découvre l'artiste peintre qui réside in via Cadorna. Elle voudrait faire le portrait du temps, mais ne réussit qu'à en faire quelques traits, ne sachant pas que le temps, comme la vie, change continuellement...

 

 

 

 

 

Il picchio

         

 

 

         

          Et qui voilà sur cette vieille porte? Un pic cuivré et ... affamé. Il s'adresse donc à Sant'Ambrogio (Saint Ambroise, patron de Milan), et en frappant du bec à sa porte, il va trouver... vous le saurez en lisant l'histoire, évidemment ...

 

 

 

 

Due fratelli

 

 

        

  Ici, c'est un panneau de signalisation à moitié caché par la verdure d'une haie. Chiara CARMINATI nous suggère un frère et une sœur  qui vont à l'école de Colfosco (qui a l'avantage de rimer avec "bosco", le bois...) . Chaque jour, ils se poursuivent en traversant le bois, car le frère, fripon, a volé son cartable à sa sœur, et elle essaie de le récupérer. Mais comment, ensuite, répondre au maître ou à la maîtresse quand on est tout      essoufflé?

 

 

 

          Ces petites histoires, allègres, originales, déconcertantes parfois, peuvent être de bonnes "storie della buona notte",  à lire à haute voix avant de dormir. Sinon, ce sont des déclencheurs d'autres histoires, soit que l'enfant les enrichisse, les conteste, en trouve d'autres opposées... Puis on passe aux travaux pratiques, en allant à son tour observer les détails en bas de chez soi... Des ateliers de "stupeur à km zéro", comme on le lit dans une des notices biographiques de Massimiliano.

          OCCHIO LADRO est un petit bijou, que l'on peut apprécier même sans maîtrise l'italien. On peut rêver d'une traduction française, car ses deux auteurs ne sont pas inconnus en France, même si peu de leurs livres ont été traduits. Pour TAPPARI, il y a eu, en 2008,  pour les éditions Du Panama, Ooh! . Pour CARMINATI, ce sont deux de ses romans.  Très peu,  si l'on considère qu'ils ont fait 7 livres ensemble, sur la douzaine réalisée par Massimiliano, et sur les 67 de Chiara (auteure que Lectures Italiennes vous promet de vous présenter davantage dans les mois qui viennent...).

 

Occhio Ladro

          Toujours est-il que cet Œil Voleur s'est vu attribuer, quelques mois après sa sortie, le prix 2021 de la revue ANDERSEN, dans la catégorie "Miglior libro fatto ad arte", ce que nous traduirions par "Meilleur livre réalisé dans les règles de l'art".

           Pour conclure, regardez-écoutez nos deux auteurs, dans cette petite vidéo où ils réagissent à l'annonce du prix, au milieu d'un champ de "papàveri", de coquelicots, à la recherche de celui dont le portrait orne la couverture, pour le remercier lui-aussi.

OCCHIO LADRO

de CARMINATI Chiara et TAPPARI Massimiliano

Editions LAPIS    

Un grand merci aux éditions Lapis, en la personne de Agnese, pour les  reproductions des photos

Collection Versi diversi (Des vers différents)

Paru le 5 novembre 2020

Album illustré, 64 pages, couverture rigide, 17 x 23 cm

Tranche d'âge : pour tous      

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