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"Il trattore della nonna", de Anselmo Roveda, Le tracteur de grand-mère

Cet album tout neuf, qui sent encore l'encre, vous l'avez ici presque en avant-première, avant sa présentation à la foire de Bologne.

C'est "le tracteur de grand-mère". Ce doit être le petit tracteur de plastique qu'elle a offert à son petit-fils ? Ou alors elle est veuve, et c'est elle qui doit travailler dans les champs pour faire tourner l'exploitation? Vous n'y êtes pas du tout.

Dans cette ferme, la grand-mère prend "le tracteur rouge, le gros avec ses grandes roues" pour aller à la cueillette des fruits sur le domaine, tandis que le grand-père lave la vaisselle et le linge, envoie quelques mails à ses amis, et cherche de nouvelles recettes sur Internet. Ils se sont levés ensemble à l'aube, et ils se retrouveront quand la grand-mère, ayant fini la récolte, rentrera à la maison, et qu'elle trouvera la superbe tarte aux cerises réalisée par le grand-père pour le goûter. Tarte qui sera dévorée de bon appétit (malgré un précédent casse-croûte de raisin et mortadelle), comme a été dévorée cette journée de travail; le mot de la fin le dit clairement: "MIAM!", un grand " GNAM!"" dans le texte.

Anselmo Roveda nous raconte cette histoire simple, et pourtant "différente", de façon très naturelle, et avec élan, en jouant sur les situations – un coq anarchiste qui chante à l'heure qu'il lui plaît, des cochons qui aiment la pluie et la boue, tout comme la grand-mère et ses "grandes bottes" pour "faire splatch dans les flaques", qui se passe un peu de baume pour les lèvres, à la framboise, avant de sortir. Il rythme volontiers le récit de bruits, "driiin, bzzz". Sans négliger pour autant des termes plus recherchés : après la pluie, le toit "sgocciola", il ruisselle, et les lapins "sgranocchiano", ils grignotent. Et puis il y a un mot bizarre (sauf pour les habitants des campagnes piémontaises): la remorque a été baptisée pendant l'été, quand les petits-enfants étaient là, "Amico Tamagnun": c'est peut-être un nom magique?

Les illustrations de Paolo Domeniconi concrétisent à la perfection tant le couple des grands-parents et leur maison que la campagne environnante. Grand-mère et grand-père ont les cheveux blancs, certes, mais on voit dans leur regard l'ouverture à la vie, et ils sont toujours en mouvement, dans une maison aux cadrages originaux, pleine d'ombre et de lumière, et de témoignages de leur longue vie commune. Les couleurs chaudes et claires de cette journée d'automne juste après la pluie, les courbes de la "grande colline", puis les différents plans qui descendent harmonieusement, sans mièvrerie aucune, la présence joyeuse des animaux, dont un chat qui accompagne fidèlement la grand-mère au travail, s'accompagnent d'une constante note d'humour.

Ajoutez à cela une typographie variée, un texte en petites unités qui ne décourageront pas le très jeune lecteur.. A travers sa collection "Sottosopra" (Sens dessus-dessous) pour l'éditeur turinois EDT Giralangolo – collection destinée à " aider à changer l'imaginaire face aux stéréotypes du genre", avec des albums dont les héros sont "des enfants, des femmes et des hommes libres d'agir, de penser, de se comporter sans être prisonniers du sexe biologique auquel ils appartiennent" - Irene Biemmi a bien réussi son pari.

Anselmo Roveda – ill. di Paolo Domeniconi. Il trattore della nonna. Torino, EDT Giralangolo – Sottosopra, 2014, pp28, euro 12.

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